Beschreibung
Au milieu du X$^ e$ siècle, la Provence sort d’une longue période de conflits politiques pendant laquelle les anciens monastères avaient presque entièrement disparu. La fondation de Montmajour et l’implantation des moines clunisiens en Haute Provence marquent le début d’une longue série de restaurations et de fondations de monastères bénédictins, dont Saint-Victor de Marseille et Lérins. Ce mouvement de renouveau est directement lié à l’action des familles aristocratiques qui s’investissent dans l’installation de communautés monastiques sur leurs domaines, alors même qu’elles érigent leurs seigneuries. Le rôle du monachisme bénédictin dans l’émergence et l’affirmation de l’ordre seigneurial est la question de départ de ce livre. Les monastères, dépositaires à la fois de l’identité sociale et de la mémoire patrimoniale des familles, sacralisent les nouveaux pouvoirs. Fondé sur la perméabilité des monastères vis-à-vis du monde laïque, le système de rapports établi entre les monastères et leurs bienfaiteurs est ébranlé par la réforme grégorienne. Au début du XII$^ e$ siècle, à l’issue de ce mouvement qui cherche à accentuer le clivage entre moines et laïcs et du succès de la première croisade, une autre forme de vie religieuse – celle qui, chez les ordres militaires, combine paradoxalement la vie consacrée du moine avec l’activité typique du chevalier – s’impose à l’horizon de l’aristocratie provencale.